Attention chef d’oeuvre : Bienvenue à Gattaca

Dans l’ombre de 2001 ou de Blade Runner, Bienvenue à Gattaca est pourtant un film inclassable, au scénario brillant, aux acteurs surdoués et à l’esthétique irréprochable. Serait-il le meilleur film de science-fiction à ce jour ?

Petit résumé
La société futuriste dépeinte par ce film prône la perfection génétique. L’élite de la nation est génétiquement parfaite, les embryons sont sélectionnés et modifiés avant la naissance pour supprimer tout défaut physique ou psychique propre aux hommes. Mais Vincent (incarné par Ethan Hawke) rêve depuis toujours d’être astronaute, bien que son caryotype ne corresponde pas à la norme. Il va alors se faire aider par Eugène, génétiquement irréprochable mais cloué dans un fauteuil, pour prendre son identité illégalement, et ainsi, contourner le système.

Un grand film, intelligent et passionnant

Andrew Niccol (dont c’est pourtant le premier film) est le scénariste du Truman Show dont il a vendu les droits pour financer Bienvenue à Gattaca… à raison !

  J’ai vu ce film pour la première fois à l’âge de dix ou onze ans et c’est lui qui m’a fait aimer le cinéma et m’a surtout fait comprendre que cet art était bien plus vaste que les sagas Marvel (n’en déplaise aux fans de Thor et de sa bande, je ne me lasserai pas de lancer des piques à cette franchise).

  En somme, Bienvenue à Gattaca est tout simplement irréprochable. Rien n’a été filmé au hasard, l’escalier de la maison d’Eugène est en forme de brin d’ADN, les lettres du mot Gattaca forment les quatre nucléotides présents dans cette même molécule, le prénom Eugène fait référence à l’eugénisme, pratique qui consiste à vouloir modifier génétiquement l’homme… Le nombre de clins d’œil à la science est astronomique car la liste est encore longue ! La NASA le met en tête des « films les plus plausibles de l’histoire du cinéma ».

  En effet, il n’y a pas de duels de sabre laser, d’extra-terrestres vengeurs ou de robots tueurs. Le film leur préfère un réalisme glaçant et une vision du futur pessimiste mais pertinente. Les relations humaines ont perdu leur authenticité, le monde est gouverné par une science insensible aux rêves d’enfants de Vincent. On alterne par des visions du passé du héros, de son enfance marquée par l’esprit de compétition entre lui et son frère, génétiquement irréprochable. Ces souvenirs ont fondé toute la personnalité de Vincent, déterminé et obstiné à réaliser ses rêves, bien que ses chances d’y parvenir soient proches du néant. La succession de ces souvenirs mêlés à la dure réalité de la vie et de la discrimination à l’égard de Vincent, rend ce personnage attachant. Il l’est d’autant plus que son interprète, Ethan Hawke, est absolument brillant dans ce registre. Ses partenaires à l’écran, Jude Law et Uma Thurman, proposent un jeu tout en finesse et démontrent une nouvelle fois leur grand talent.

  Puis, que reprocher à ce scénario ? Les rebondissements sont implacables, les techniques de Vincent pour arriver à ses fins sont ingénieuses, le suspense est sublime (notamment lors de la scène de l’escalier, j’ai beau l’avoir vu plusieurs fois, la peur est toujours intacte) et les dialogues sont pertinents, teintés d’humour noir. D’autre part, l’histoire d’amour centrale n’est pas relayée à un rôle d’arrière-plan comme c’est si souvent le cas dans les films de science-fiction. Elle prend ici tout son sens.

  Alors que reprocher à Bienvenue à Gattaca ? Certains déploreront peut-être quelques longueurs que pour ma part, je n’avais pas remarquées… Ce film reste brillant, les plans sont travaillés, la musique est excellente… N’hésitez plus !