La nuit du 8 au 9 août 1969, l’actrice Sharon Tate, enceinte de 8 mois du réalisateur Roman Polanski, et ses amis sont assassinés par des membres fous d’une secte sataniste, dirigé par Charles Manson. Bien plus qu’un atroce fait divers, ces meurtres insensés passionnent encore les foules et le cinéma, en témoigne le dernier Tarantino. Retour sur l’histoire de cette secte sanguinaire et de son mystérieux gourou.
[Ames sensibles s’abstenir]
Qui était Charles Manson ?
Né en 1934, le futur sataniste est vendu par sa mère pour une pinte de bière. Il s’enfuit du foyer d’accueil dans lequel il était placé pour la rejoindre mais elle l’abandonne de nouveau. A 17 ans, il est déjà connu de la justice américaine pour avoir violé un adolescent sous la menace. Incarcéré pendant 3 ans, il découvre la scientologie et apprend quelques accords de guitare.
Une fois libéré, Charles Manson file en Californie, en plein cœur du mouvement hippie. Devenu dealer, il profite de son éloquence et de son charisme pour créer une secte, la « Famille ». Ce groupe de fanatiques organise de nombreuses orgies Au début inoffensif, le gourou rencontre les Doors, Dennis Wilson des Beach Boys et Debbie Hardy, chanteuse du groupe Blondie. Il s’imagine alors en chanteur à succès.
Dennis Wilson, dont il est assez proche, lui présente Terry Melcher, un producteur. Celui-ci refuse d’aider Manson à se lancer dans la musique et pour causes, le hippie radical prône la suprématie blanche et tient de sombres propos sur l’Apocalypse. Outré par la décision de Terry Melcher, Manson jure de se venger.
Il se dirige donc chez lui, probablement dans l’intention de le tuer. Mais le producteur n’y habite plus depuis un mois, la sublime villa de Cielo Drive appartient désormais au jeune réalisateur talentueux Roman Polanski et à sa femme, l’actrice Sharon Tate.
Quatre de ses disciples et membres de la Manson Family, sous l’influence de leur gourou, décident de commettre un carnage sans précédent dans cette maison, qu’importent les occupants. Sharon Tate, alors enceinte de 8 mois, est poignardée de 16 coups de couteau tandis que ses amis qui habitaient avec elle sont tués tout aussi sauvagement. Les assassins peignent certains murs, ainsi que la porte d’entrée, du sang de leurs victimes. Le seul survivant de cette nuit d’horreur est le gardien de la résidence dont la musique était trop forte dans ses écouteurs pour qu’il entende le moindre bruit.
La folie meurtrière des quatre fanatiques de la Famille se prolonge le lendemain. Ils tuent un couple, les LaBianca que Manson avait rencontré dans une fête. Après les meurtres, ils restent dans leur demeure pour vider le réfrigérateur et jouer avec le chien de leurs victimes.
C’est seulement trois mois plus tard que les coupables seront découverts. Après des comparaisons d’empreinte et d’armes, les policiers identifient plusieurs assassins. L’enquête s’accélère lorsqu’une adepte de la secte, déjà en prison pour vols, se vante des meurtres commis par la Manson Family.
Arrêtés, les quatre meurtriers n’éprouvent pas une once de remords. Leur gourou arrive le jour du procès avec une croix sur le front censée symboliser son bannissement de la société. Il transformera plus tard cette cicatrice en croix gammée.
Le procès n’en finit pas. Ponctué par les interventions démentes de Manson, il est très vite couvert par la presse qui contribuera à créer le mythe de la Manson Family. Le procès deviendra le plus cher et le plus long de l’histoire de la justice américaine.
Charles Manson et ses disciples sont d’abord condamnés à la peine capitale, transformée en détention à vie. Mais l’histoire ne s’arrête pas là car c’est en prison que le sataniste devient incontournable de la culture pop américaine.
Le mythe perdure
Alors détenu, Manson devient l’un des prisonniers le plus célèbre et, comble de l’horreur, le plus adulé. Des « fans » lui envoient plus de 20 000 lettres par an tandis que ses mèches de cheveux s’arrachent aux enchères. Un paquet de gâteau laissé au parloir se vendra même 750 dollars.
Sa libération sur parole est refusée douze fois mais Manson n’en a cure et continue de parfaire son propre mythe. Il prétend être le fils du Diable ou de Dieu, cela dépend des jours et de son humeur. Une autobiographie voit le jour suite à ses nombreuses interviews et entretiens avec un journaliste.
Il meurt en 2017 à l’âge de 83 ans.
La Manson Family dans la culture populaire
Récemment, la secte fait son retour au cinéma dans le dernier long-métrage de Tarantino. Celui-ci redéfinit l’histoire de cette nuit et de son issue… je n’en dis pas plus (pour ceux que la critique du film intéresse, vous pouvez la retrouvez ici : http://www.lecercledesrockeursdisparus.com/2019/08/28/once-upon-a-time-in-hollywood-le-film-de-trop-pour-tarantino/ )
C’est en particulier dans la musique que plane l’ombre du gourou. Le chanteur Marilyn Manson tire son nom de scène du chef de la Famille. Son nom et son histoire sont mentionnés à des chansons par les artistes suivants : Nine Inch Nails, Ozzy Osbourne, Dr Dre, les Ramones, Neil Young (qui l’avait rencontré à l’époque et jugeait à juste titre qu’il représentait le pire du côté sombre du Flow Power)… Charles Manson aurait même écrit une chanson des Gun’s N’Roses.
Au cinéma, quelques films d’horreur ont retranscrit la nuit meurtrière du 8 août 1969, mais ont obtenu un succès assez confidentiel. Certaines séries télévisées font apparaître le chef de la Famille, à l’instar d’American Horror Story ou Mindhunter (où il est interprété par le même acteur que dans Once Upon A Time… In Hollywood).
Cette sombre histoire est probablement une des causes directes de la fin de l’innocente période hippie.
