L’un des biographes rock les plus célèbres du monde s’est donné pour mission de retracer la vie sulfureuse et mystérieuse du leader des Doors et peut-être, lever le voile sur les circonstances controversées de sa mort… Le résultat est une biographie imposante mais absolument passionnante qui donne un autre versant du mythe du Roi Lézard.

Etant une fan incontestée des Doors et de la figure héroïque et mystique qu’était Jim Morrison, je me devais d’en savoir plus sur la vie de cet artiste fascinant et dont l’influence sur le rock et la contre-culture n’est plus à prouver. Je me suis donc plongée dans cette biographie, trouvée par hasard, qui s’est révélée être complètement addictive. Voici donc quelques anecdotes surprenantes, ou méconnues, sur la vie de James Douglas Morrison :

Il ne sortira jamais d’un traumatisme d’enfance
Le jeune Jim Morrison n’est âgé que de quatre ans lorsqu’il assiste à une collision entre deux voitures. Les rares survivants poussent des cris démentiels de douleur tandis que les cadavres disloqués jonchent le bord de la route. L’enfant en reste sans voix. Jim Morrison considéra que cet événement fut le plus marquant de sa vie et décisif dans la suite de son existence. De nombreuses références à ce douloureux souvenir parsèment les chansons des Doors, à l’instar de Peace Frog. A l’inverse, sa famille n’a cessé de minimiser l’incident, lui prétextant enfant qu’il n’avait fait qu’un mauvais rêve.

Un enfant turbulent et facétieux
Son environnement familial était plutôt instable ; sa mère alcoolique, son père souvent absent et les déménagements fréquents peuvent expliquer le côté rebelle du jeune Jim. Par ailleurs, il coupera les ponts avec sa famille en 1964 et n’adressera plus la parole à ses parents depuis.
Réfractaire à tout type de discipline, il a un fort goût pour la provocation. Avant un énième déménagement, il prévient le directeur de l’école qu’il a prévu un « feu d’artifice », et en effet, il se précipite hors de son bureau après y avoir lancé un pétard allumé. Il s’amusait aussi à simuler des évanouissements dans les couloirs du lycée pour ameuter tout le personnel, avant de bondir en quelques secondes et repartir en riant. De plus, il arrivait à sécher ses nombreuses heures de retenue en inventant des excuses folles, allant même jusqu’à prétexter longtemps avoir une tumeur au cerveau qui exigeait des opérations à la place de ces heures. Néanmoins, il était apprécié des professeurs qui admiraient sa grande érudition.

Des petits frères et sœurs pris pour cible
Jim Morrison prenait un malin plaisir à martyriser la fratrie dont il était l’ainée. Adepte du sarcasme et de l’humour noir, un de ses grands passe-temps était de découper des bandes dessinées Donald de ses frères et sœurs, pour disposer les personnages dans des positions obscènes, agrémentées de phylactères de son invention.

Il embarquait ses amis dans des périples improbables
Après avoir lu Sur la route de Jack Kerouac, Jim Morrison devient adepte du mouvement beat et adopte un de leurs crédos : l’aventure en stop. Alors accompagné de son ami Brian Gates, il rallie la Floride et la Californie en stop lors d’un voyage prompte en rencontres farfelues et parfois dangereuses. Les deux jeunes gens montent dans le camion d’un homme patibulaire, qui leur avoue être un ancien taulard pris pour meurtre. Il est fort à parier que cet épisode sera à l’origine de la chanson Riders On The Storm. Brian Gates dira qu’il avait adoré « son amour pour la vie et l’enthousiasme [de Jim] pour les situations les plus étranges. »

Il fut étudiant en cinéma
Passionné par le septième art, le futur chanteur des Doors rallia plus de 700 km en stop pour assister à une projection inédite d’un film de Jean Genet. Avant sa carrière dans la musique, il se voyait travailler dans le milieu du cinéma. Il suivra deux ans dans une école dédiée à cet art et livrera un projet de fin d’études unique en son genre. La projection du film est suivie d’un immense silence dubitatif. Son travail est incompréhensible, sans scénario, les profs et jurés avouent en ricanant qu’il s’agit probablement du pire court-métrage auquel ils ont assisté. La pellicule est brûlée et donc perdue à jamais. Jim Morrison, abattu par tant d’incompréhension, aurait raconté son fiasco à un inconnu au téléphone. Il gardera sa passion pour le cinéma tout au long de sa courte vie, allant jusqu’à réaliser trois films.

Un début dans le rock assez hasardeux
Ray Manzareck, futur claviériste et cofondateur des Doors, repère Jim Morrison alors qu’ils suivent des cours dans la même école de cinéma. Convaincu par son potentiel scénique et son charisme indéniable, il le paie pour le faire venir sur scène. Morrison, alors étudiant, accepte et le soir venu, il se contente de pousser un cri mémorable dans le micro avant de quitter le concert, devant un public et des musiciens consternés mais troublés par son aura. Manzareck le harcèle presque pour le convaincre de rejoindre son jeune groupe en formation, les futurs Doors.
Le nom du groupe vient d’un roman d’Aldous Huxley, Les Portes de la perception, dont Jim Morrison était fan.

Les Doors en concert : le meilleur comme le pire

Stephen Davis admet qu’ « aucune expérience scénique ne s’est autant rapproché du rituel chamanique qu’un concert des Doors, vibrant de cadences guerrières et de promiscuité torride ». Jim Morrison gardait les yeux fermés avant d’aller sur scène pour mieux s’imprégner de ses personnages, les autres membres des Doors devaient alors le guider sur l’estrade tel un aveugle. Si certains concerts sont d’une force quasi mystique, une partie d’entre eux, spécialement vers la fin de la carrière des Doors, est d’une faiblesse affligeante, due en partie au fait que le chanteur arrivait complètement soûl sur scène.
Pour ce qui est de la setlist, Light My Fire est réclamé sans cesse par les spectateurs, la chanson phare des Doors qui les avait fait connaître devient un calvaire à jouer. Riders On The Storm ne sera jouée qu’une fois sur scène, à l’inverse de The End, transformée en expérience fascinante et hypnotique, jouée systématiquement en fin de concert. Ce fut d’ailleurs cette chanson, ainsi qu’Alabama Song, qui convainc leur premier producteur de les signer.

Sa mort mystérieuse
Si Jim Morrison garde aujourd’hui une place à part dans le rang des chanteurs de rock, c’est aussi au vue de sa mort mystérieuse. Après la mort d’Hendrix à 27 ans, puis de celle de Janis Joplin au même âge, le chanteur aurait déclaré « je serai le troisième ». La triste ironie du sort lui donnera raison puisque sa compagne Pamela Courson le trouvera décédé dans sa baignoire de leur appartement parisien, à l’âge de 27 ans. Le mystère autour de sa mort est notamment dû au fait qu’aucune autopsie n’a été effectuée, la police française ayant négligemment conclu à une crise cardiaque, alors qu’il s’agissait probablement d’une overdose. De plus, sa compagne et son ami dealeur, qui lui aurait fourni la dose fatidique, se sont arrangés pour cacher toute trace de drogues dans l’appartement et soigner un discours inventé de toute pièce. Enfin, la condition physique de l’artiste, minée par des années d’alcoolisme, fera dire aux médecins qu’il avait le corps d’un soixantenaire.

Cette passionnante biographie, intitulée sobrement Jim Morrison, Vie, Mort, Légende, regorge anecdotes passionnantes sur les concerts des Doors, l’ambiance des 60’s et 70’s, sa relation destructrice avec Pamela Courson, sa célèbre liaison avec Nico… et d’autres surprises (saviez-vous qu’Harrison Ford s’était chargé de procurer de l’herbe lors des tournées des Doors ?).

Que vous soyez fan du groupe ou non, n’hésitez pas à plonger dans ce livre fascinant et très bien écrit et à (re)découvrir quelques classiques des Doors juste ici.

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