Le plus grand dramaturge anglais a laissé un héritage immense à la littérature. Ses pièces mais aussi ses poèmes, reflètent le talent d’un homme dont finalement, on ne sait que très peu de choses. De nombreuses rumeurs courent à son sujet, certains prétendent que le créateur de Roméo et Juliette et d’Hamlet est un pseudonyme regroupant plusieurs auteurs, d’autres croient qu’il est en réalité une femme. Qui était véritablement William Shakespeare ?

La biographie officielle qui comporte des interrogations
Avant d’être le dramaturge le plus joué du monde, William Shakespeare étudie à Stanford, et paraît-il, à Oxford pour quelques cours. Né en 1564, probablement le 23 avril, il a suivi un enseignement humaniste dès ses 7 ans et quitte l’école sans doute vers 14. Il disparait trois ans et revient, fiancé à une certaine Anne Hathaway. Ils auront trois enfants dont des jumeaux. Dans l’année suivant leur naissance, on ignore les activités de Shakespeare, peut-être précepteur. Ce n’est qu’à partir de 1591 qu’il commence à écrire ses premières pièces, puis deux ans plus tard, ses premiers poèmes.

La suite de sa vie est mieux connue des biographes : il rencontre le succès à 34 ans, mais les grandes pièces qui assureront sa notoriété durant près d’un demi-millénaire seront écrites quelques années plus tard. Il meurt en 1616, aussi un 23 avril. (NB : le 23 avril, en plus d’être mon anniversaire, est aussi la journée mondiale du livre)

Quelques périodes floues durant sa jeunesse ont fasciné les complotistes qui ont élaboré de nombreuses théories, remettant en question l’existence même du poète. Son testament, assez ambigu soulève le doute. Voici les conspirations plus connues et les pistes les plus sérieuses :

Trois autres auteurs, dont une femme, pourraient être Shakespeare
Deux clans s’opposent depuis deux siècles : les Statfordiens et les anti-Statfordiens (ou oxfordiens). Les Statfordiens soutiennent que Shakespeare est bien l’homme décrit par la biographie ci-dessus. Cependant, un grand mystère plane sur son testament, qui ne comporte aucune mention à ses œuvres littéraires, pourtant nombreuses. C’est cet argument qu’utilisent les anti-Statfordiens pour réfuter la paternité des œuvres du dramaturge. Selon eux, William Shakespeare est un imposteur, l’auteur d’Othello et des Sonnets est quelqu’un d’autre.

La plus ancienne conspiration propose le philosophe Francis Bacon, père de l’empirisme et à l’origine de la méthode scientifique, comme véritable père de Richard III et autres œuvres. Cette théorie, réfutée depuis, a donné lieu à d’autres enquêtes, plus ou moins fumeuses, qui ont mentionné de nombreux potentiels auteurs, aux alentours de 70. Eliminons immédiatement la piste Cervantés et Elizabeth Ière… Les candidats les plus sérieux sont au nombre de 3 :
Edward de Were, un noble contemporain de Shakespeare qui aurait utilisé son nom pour signer ses œuvres, car il aurait été mal vu pour un aristocrate de se consacrer avec autant de passion au théâtre. En effet, on constate des similitudes entre sa biographie et des éléments parsemés dans les pièces… seulement Edward de Were est mort 12 ans avant Shakespeare, soit avant la parution de Macbeth ou du Roi Lear. Un film, Anonymous, réalisé par Roland Emmerich en 2012, illustre cette théorie.

John Florio, un traducteur érudit de Montaigne, d’ascendance italienne. Il a connu Shakespeare dont il fut un ami proche. Les arguments de cette théorie exposent le lien entre son origine italienne et les références multiples à cette culture, présentes dans les pièces notamment. John Florio aurait-il instruit son ami à ce sujet ou a-t-il écrit lui-même ces œuvres ? La théorie ne s’arrête pas là. Si l’on prend l’exemple de La Tempête, paru en 1623, qui narre un exil. Comment Shakespeare a-t-il pu narrer avec tant de perfection cet exil alors qu’il n’a pratiquement jamais quitté sa ville natale ? A contrario, John Florio est un grand voyageur, bien plus apte à connaître ce sentiment… De plus, les pièces de Shakespeare se tiennent souvent à la cour, dont il n’avait pourtant aucune connaissance ni liens, alors que John Florio était un habitué. Enfin, Shakespeare est la traduction parfaite de Crollalanza, le nom de famille de la mère de John Florio. La coïncidence, avouons-le, est amusante.
Emilia Bassano, première poétesse anglaise. Muse supposée de Shakespeare, son prénom est mentionné à quelques reprises dans les Sonnets. Les arguments en sa faveur portent une nouvelle fois sur le sujet des pièces, Shakespeare, d’origine modeste et dont l’éducation a été très courte, n’aurait pas eu la culture suffisante pour parsemer ses œuvres de références linguistiques ou religieuses. A l’inverse, Emilia Bassano était érudite, à l’instar de John Florio. A titre d’exemple, des clins d’œil à des textes judaïques sont présents dans Le Songe d’une nuit d’été, alors qu’aucun élément biographique de Shakespeare n’indique une telle connaissance de sa part. A l’inverse, Emilia Bassano était juive et avait des notions d’hébreu. De plus, elle connait avec précision l’Italie où elle a vécu quelques années, contrairement à Shakespeare qui la mentionne et la décrit pourtant dans un bon nombre d’œuvres…

Marlowe, le vrai rédacteur des premières pièces de Shakespeare ?
En 2016, une nouvelle ébranle le monde littéraire. Philipp Marlowe, l’un des précurseurs de la tragédie et du drame élisabéthain, serait le coauteur de 3 pièces de Shakespeare. Avant considéré comme l’ennemi de l’auteur anglais, Marlowe l’aurait pourtant aidé à rédiger la trilogie d’Henri III. Il est apparemment mentionné sur la couverture des nouvelles éditions de ces livres, mais n’ayant trouvé cette information que dans une seule source, j’ai trouvé plus prudent d’employer le conditionnel ici.

Les experts ayant révélé cette nouvelle ont aussi prouvé, grâce à des études comparatives poussées, que Shakespeare n’a pas écrit seul 17 de ses pièces (sur 44) et que d’autres auteurs se seraient joints à lui, d’où une autre théorie proposant que le nom de Shakespeare regrouperait une association de dramaturges.

Le mot de la fin
Si l’existence de Shakespeare semble véridique, la paternité de ses œuvres est toujours contestée. Des universitaires ou des blogueurs dévoués se sont lancés dans de nombreuses thèses et théories mais aucune ne semble assez sérieuse et complète pour trouver le fin mot de l’histoire.
  En 2007, le New York Times a réalisé un sondage interrogeant 265 professeurs qualifiés et éminents spécialistes de Shakespeare, sur la paternité des œuvres de l’auteur. Seuls 6% sont convaincus de son imposture tandis que plus de 60% jugent cette histoire sans fondements réels.

Pour ma part, il me semble que la beauté de la littérature réside aussi dans l’imagination de l’auteur. Que Shakespeare n’est pas connu la cour ni l’Italie ne présuppose pas qu’il soit incompétent à en parler… Il est vrai que l’immensité de son œuvre peut sembler invraisemblable et la théorie du groupe d’auteur parait tentante, mais n’est-ce pas magnifique de penser qu’un seul homme puisse laisser une telle empreinte ?

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