Une géniale idée de départ peut se transformer en trop longue blague. Référencé pour faire chic et répétitif pour faire drôle, Septembre sans attendre patine et finirait presque par agacer. Le charme de ses interprètes insuffle une fraîcheur bienvenue dans un film bavard et trop réflexif.

Alejandro (Vito Sanz) et Alejandra (Itsaro Arana) décident de fêter leur séparation après une quinzaine d’années à s’aimer. Ils l’annoncent à leurs amis -qui seront très nombreux. Se superposent à ce schéma de comédie un jeu méta puisqu’Alejandra décide de faire un film sur la préparation de leur dernière soirée.

Notre jeune couple d’intellos lit des romans aux titres révélateurs, nous voilà chez Truffaut. Les faux raccords et expérimentations de montage soulignent la présence du film dans le film : voilà Godard. Leur séparation les amène à se rapprocher, les théories de Stanley Cavell sur la « comédie de remariage » ne sont pas loin. Et puis débarquent Bergman, Kierkegaard (et même le génial Festival de la Rochelle sous forme d’affiches)… mais où se cache donc Jonas Trueba ?

L’accumulation de références, pour certaines explicitées par les dialogues, appesantissent un film qui aurait payer à être plus spontané ; d’autant plus que le film est déjà alourdi par les séquences de dialogues qui pour les deux tiers, sont strictement identiques. Les films qui assument leur aspect bavard, ceux de Rohmer et de Woody Allen en tête, convertissent l’action de l’image en tension du mot. Leurs personnages discutent, progressent, débattent, non sans finesse et drôlerie. Ici, les dialogues de deux Alex sont identiques, presque mot pour mot, à chaque conversation entre amis.

Forte heureusement, Jonas Trueba a conscience des défauts de Septembre sans attendre puisque le film dans le film comporte une auto-critique de ses longueurs (pourquoi nous les infliger alors ?). Cette mise en abyme aurait pu élever la portée de ce film en en rejouant la mélancolie et les regrets d’un Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2001), le dernier grand chef d’œuvre sur la séparation. Nous aurions pu voir Alejandra qui rejoue leur histoire en refaisant les films, comme si chaque dispute n’était qu’une mauvaise prise à refaire. Au lieu de faire du cinéma un outil salvateur, celui-ci rejoue le réel, avec banalité.

Que comprendre dans la répétition à outrance des scènes d’annonce ? Un écho à un quotidien devenu lassant après quatorze ans à deux ? Une difficulté à s’avouer leur séparation, comme si le dire plusieurs fois permettait de le réaliser ? Un désir mal avoué d’être contredit par leurs proches ?

Plombé par sa structure répétitive qu’il ne justifiera pas franchement, Septembre sans attendre, , offre néanmoins quelques échappés par le jeu charmant et naturel de ses interprètes. Confondant de naturel dans un film très artificiel, Vito Sanz et Itsaro Arana font de deux intellos bobos au fort potentiel pédant deux paumés attachants, qui, au milieu de leur vie, ne savent quelle direction prendre. Le film tardera à leur en proposer une.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here