Ce premier long-métrage de Louise Courvoisier bénéficie d’un excellent bouche à oreilles depuis son beau parcours en festival. Si sa réalisation ultra léchée un peu tape-à-l’œil peut diviser, il est fort à parier que vous tomberez sous le charme du débrouillard Totone, lancé dans le concours du meilleur comté du Jura. Louise Courvoisier croque la jeunesse rurale avec réalisme, justesse et fraîcheur.
Après un drame, le jeune Totone (Clément Faveau), alors abonné aux fêtes du village et aux soirées bière, élève seul sa petite sœur. Impulsif, il est viré de l’entreprise locale de fabrication de comté. Lorsqu’il découvre les gains gigantesques générés par les concours de fromage AOP, Totone convainc ses potes bras cassés mais dévoués, de l’aider à préparer le meilleur comté du Jura…
Le début de Vingt dieux tombe légèrement dans les travers d’une démonstration, avec une caméra habile au plus près des personnages jusqu’à tomber dans l’avalanche de gros plans, un montage effréné, une galerie de personnages visant à cerner d’emblée des problèmes sociaux (travail peu gratifiant, alcoolisme…). Heureusement, le film gagne en subtilité après l’élément perturbateur, dès lors que le récit s’installe dans un rythme plus lent.
L’une des forces du film est de ne jamais céder ni au drame tire-larmes ni au naturalisme plombant, se situant toujours dans un fil droit d’équilibriste entre comédie réjouissante et réalisme saisissant. Cette réussite s’explique en grande partie grâce aux interprètes savoureux, tous jurassiens et pour certains, comme Clément Faveau et Maïwène Barthélémy, apprentie agricultrice hors écran.
L’alchimie de la petite troupe éclate dans chaque plan, les jeunes se charrient, se bousculent, on devine certaines piques improvisées. Louise Courvoisier, à l’écoute de ses interprètes non professionnels, a su placer sa caméra au cœur du groupe, traquant leur spontanéité. Vingt dieux acquiert alors la fraicheur du documentaire, sans pour autant se départir d’un récit fortement structuré et même un peu débordant, riche en rebondissements.
Ce premier film réussi d’une jeune réalisatrice venue de la CinéFabrique mérite son beau parcours en salles (bientôt 300 000 entrées). Cinéphiles, spectateurs adolescents et grand public sortiront de la séance le sourire aux lèvres. Vingt dieux que cela fait du bien !