Le documentaire de Nick Bloomfield consacré au fondateur des Stones, premier membre du macabre « Club des 27 » est tiraillé entre deux approches de la figure de Brian Jones : l’artiste maudit et toxicomane, et le charmant génie incompris. Empruntant chacune des deux pistes sans dépasser cette double hypothèse, le film se perd dans des images d’archive plus ou moins cohérentes, et des témoignages univoques. Reste le plaisir de revoir les premiers concerts des jeunes Stones, et les émois d’une génération avide de liberté.

Comme bon nombre de groupes de rock cultes, la légende commence par une petite annonce, en l’occurrence une écrite en 1962 par Brian Jones, multi instrumentiste cherchant bassiste. Bill Wyman répond à l’appel, et le duo fusionne avec d’autres musiciens rencontrés en club de jazz, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ian Stewart, écarté après. Sept ans plus tard, Brian Jones, est retrouvé mort dans sa piscine trois semaines après avoir été viré du groupe trois semaines plus tôt par Mick et Keith. Les Stones justifient cette mise à l’écart par le comportement de Brian, drogué, perdu dans des histoire sentimentales et peu fiable en tournée.

A partir de cette histoire relativement connue, Nick Bloomfield tire un documentaire qui n’ausculte pas davantage le mystère Brian Jones. Les témoignages des proches des Stones, dont le montage alterne un peu cruellement les photos d’époque et l’interview en visio d’eux soixante ans plus tard, saisissent la dualité de Brian : artiste génial en même temps que diablotin méchant tenté par les drogues et les aventures. A sa mort à 27 ans, il est le géniteur de pas moins de cinq enfants disséminés en Angleterre et élevées par ses anciennes conquêtes à peine majeures. Le réalisateur Volker Schlöndorff, apparition surprenante, résume : « peut-on être un artiste sans discipline ? » Un des témoins les plus intéressants se révèle être Bill Wyman, qui s’amuse, soixante ans après, des trouvailles musicales de Brian Jones et chantonne sur chaque chanson la partition du musicien.

Pour tenir ce portrait mouvementé de Brian Jones en une heure trente, Nick Bloomfield choisit en toute logique la structure habituelle du documentaire : images d’archives et voix off. Le film alterne les séquences vidéos et les photographies de qualités variables, sans dépasser l’exercice studieux. Plus gênant, certains photographies semblent transformées en vidéos grâce à une IA (c’est du moins une hypothèse que je pose au vu des mouvements étranges et distancés des personnes à l’écran).

Ces archives illustrent les propos des anciens proches de Jones, mais aucune n’est informative en soi ; aussi ce Brian Jones & the Rolling Stones aurait pu être un documentaire uniquement sonore, diffusé à la radio. Débarrassé des contraintes de l’image, et de cet esthétique diaporama, Nick Bloomfield aurait peut-être créer un objet plus rock ‘n’ roll.

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