Vieilles Charrues 2020 : une programmation décevante

Dévoilée le lundi 16 décembre, la tant-attendue liste d’artistes invités aux Vieilles Charrues a déçu bon nombre d’internautes et d’habitués du festival. Et pour cause, les têtes d’affiches sont loin de faire rêver les mélomanes, étant donné que la majeure partie du cachet a été dédiée à Céline Dion…

Les Vieilles Charrues, mythique festival de musique attirant plus de 200 000 spectateurs depuis de nombreuses années, brillent par les programmations écliptiques mêlant futurs grands groupes en devenir et stars mondialement reconnues. Ainsi, les festivaliers des éditions précédentes ont pu se targuer d’écouter entre autres Bruce Springsteen, Elton John, Johnny Hallyday, Iggy Pop et The Stooges, Lou Reed, James Brown, Deep Purple, The Cure, Arctic Monkeys, Neil Young, Patti Smith, Robert Plant, Muse, Beck, les Pixies, les Killers, Scorpions, Supertramp, The Libertines, Louise Attaque, Arcade Fire, Joan Baez, Franz Ferdinand… En 2004, un certain David Bowie était même annoncé, avant de décliner pour problèmes de santé. Pour ma part, j’y ai passé deux jours merveilleux en 2018 pour y admirer Liam Gallagher, Depeche Mode et Portugal. The Man.

Le festival était donc une opportunité rare pour les fans de rock d’approcher leurs idoles… Seulement, depuis l’année dernière, la tendance semble s’inverser et les rockers se font de plus en plus rares. En 2019, seuls Iggy Pop, Ben Harper, Jeanne Aded et Balthazar pouvaient attirer les aficionados de rock, les autres têtes d’affiches étaient Booba, The Chainsmokers, Columbine, Biglo & Oli, Aya Nakamura, David Guetta… Cette année, même son de cloche : Lenny Kravitz et Catherine Ringer représentent pratiquement à eux-seuls le rock, la pop, l’électro et rap dominent clairement la programmation avec Céline Dion (dont le cachet pharamineux représente le plus gros investissement du festival à ce jour), Angèle, Niska, DJ Snake, Mika, Thérapie Taxi…

Loin de moi l’idée de dénigrer les autres musicaux (même si à mes yeux, je trouve plus de grâce à Lou Reed qu’à Aya Nakamura…), le virage pop des Vieilles Charrues a quand même de quoi inquiéter. Bénéficiant de l’un des plus impressionnants cachets, le festival aurait pu rivaliser avec les plus grands du monde, à l’instar de Coachella ou Glastonbury. Les programmateurs annonçaient il y a quelques années s’intéresser aux Stones comme potentielle tête d’affiche ! Or en privilégiant des artistes pop ou des rappeurs, certes méritants, le festival se prive de grands groupes de rock appréciés du public depuis des décennies. Celui-ci se tourne à présent vers d’autres festivals dédiés, tels Rock en Seine, les Eurockéennes et bien évidemment, le Hellfest.

Les Vieilles Charrues n’ont jamais été un festival dédié uniquement au rock mais leur éclectisme en termes de styles musicaux a toujours été reconnu. Cependant, en délaissant leur ADN rock qui a tout de même compté dans l’historique du festival, les Vieilles Charrues semblent cibler un public jeune, et délaissent les fans de rock qui ont participé grandement à la notoriété et à la popularité du festival. Le risque majeur est de voir les grands groupes de rock privilégier d’autres festivals plus attractifs.

Je n’irai pas jusqu’à dire que le festival breton a vendu son âme à la musique pop qui plait au plus grand nombre, mais j’espère grandement qu’il saura contenter son public rock avec de nouvelles éditions plus attrayantes à l’avenir. Dans le pire des cas, je me contenterai des souvenirs de l’édition 2018 et de son ambiance phénoménale (la photo illustrant l’article a justement été prise au concert survolté de Depeche Mode), au temps béni où résonnait encore du rock aux Vieilles Charrues…