Le premier film de François Truffaut nous plonge dans les aventures mouvementées du jeune parisien Antoine Doinel. Chapardeur toujours en quête de nouvelles pitreries, ce personnage inoubliable porte ce film avec fraicheur et drôlerie. Sorti il y a plus de soixante ans, Les Quatre Cents Coups reste l’un des longs-métrages les plus pertinents et les plus tendres sur l’enfance.
Résumé
Aidé par son ami René, jamais à court d’idée lorsqu’il s’agit de s’amuser, Antoine Doinel rythme ses journées d’écolier par ses bêtises d’enfants. Mais ses insolences innocentes se transforment en fugues et vols. Cauchemar des professeurs et de ses parents, le jeune garçon se heurtera avec fracas aux barrières imposées par les adultes.
Truffaut, réalisateur phare du cinéma français et de la Nouvelle Vague
En 1959, François Truffaut a vingt-sept ans lorsqu’il écrit et réalise son premier long-métrage : Les Quatre Cents Coups. Partiellement autobiographique, ce film rapidement remarqué par la critique marque le début des aventures d’Antoine Doinel, double fictif du cinéaste que l’on retrouvera dans quatre autres films (Antoine et Colette en 1962, Baisers volés en 1968, Domicile conjugal en 1970 et L’Amour en fuite, en 1979). S’ensuit pour Truffaut une carrière iconoclaste parsemée de succès critiques et commerciaux aussi bien que d’échecs cuisants. Nombre de ses films ont marqué le cinéma français, à l’instar du Dernier Métro (et de ses dix César !), Tirez sur le pianiste, La nuit américaine (auréolé de l’Oscar du Meilleur film étranger), Jules et Jim, Baisers volés…
Membre des Cahiers du Cinéma où ses critiques sont encensées, Truffaut partage une amitié houleuse avec Godard pour qui il a écrit le scénario d’A bout de souffle, avant que des divergences les séparent définitivement. Figure phare de la Nouvelle Vague, Truffaut fait émerger ce mouvement dont Les Quatre Cents Coups pose la première pierre. Ce long-métrage est par ailleurs dédié à André Bazin, figure des Cahiers hélas mort au premier jour du tournage, et mentor de Truffaut.
Les Quatre Cents Coups, une autobiographie nuancée
Tout comme Antoine Doinel, l’enfance difficile de Truffaut fut marquée par des délits qui l’emmèneront dans un centre d’observation pour mineurs. Vivant lui aussi avec une mère souvent sévère et son beau-père, le futur réalisateur préfère l’école buissonnière et les salles obscures aux cours de ses austères professeurs. Les Quatre Cents recèle de souvenirs vécus par Jean-Pierre Léaud, l’interprète de Doinel et par Truffaut, comme son mensonge à l’instituteur, les tirs de sarbacane sur les passants, les nombreuses courses dans Paris… Le compère d’Antoine, René, est d’ailleurs inspiré de l’ami d’enfance de Truffaut, Robert Lachenay.
Un charme indéniable
Contant l’enfance avec nostalgie, ce film doux-amer s’attache à retranscrire le point de vue des enfants, à-travers le regard d’Antoine Doinel. Ses joies illuminent le noir et blanc somptueux de ce film. Sa gouaille incomparable prête à sourire, ses expressions ont vieilli mais pas leur fraicheur ni leur humour. Les dialogues font mouche, en particulier ceux des enfants et de père d’Antoine, grand enfant lui aussi dans la première moitié du film.
La bande de gamins tous irrésistibles n’est jamais aussi drôles que dans les scènes de classe où leurs pitreries montrent que certaines bêtises restent intemporelles et universelles.
Les Quatre Cents Coups oscille entre l’innocence et la solitude de son personnage principal. Bien qu’il puisse toujours compter sur son ami René, Antoine apparait de plus en plus seul au fil du film. L’appartement parisien des Doinel est plus un lieu de passage d’Antoine qu’un véritable foyer. Les moments passés à rire en famille deviennent rares. La peur d’être puni l’emportant sur tout, Antoine déserte souvent pour fuguer dans Paris.
En bref
Familial, universel et drôle, Les Quatre Cents Coups n’a pas pris une ride. Le malicieux Antoine Doinel, incarné à quatorze ans par Jean-Pierre Léaud, crève l’écran dans cette chronique juste sur l’enfance qui nous emmène dans le vieux Paris dans années 1950. Si l’enfance d’Antoine a gardé ce sentiment d’intemporalité, la capitale filmée avec amour par Truffaut est restée figée dans la France d’après-guerre. Certains plans semblent être des versions en mouvement des photographies de Doisneau. Ce film apparaît alors comme un voyage dans le temps, dans un monde qui n’existe plus et dans une enfance dont on ne peut plus que rêver.